Textes au féminin illustrés par Michel
Debray
Novembre 2024 | ||||||||||
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Depuis quelques années, le problème de la forme physique m’obsède. Il est vrai que je vois tant de femmes de mon âge s’avachir, grossir, se fissurer et devenir difforme que j’estime avoir de bonnes raisons pour ne pas me laisser aller. Certes, je reste mince, élancée. La pratique régulière de quelques activités sportives me vaut une silhouette que mes consœurs m’envient. Si je ne cherche pas à imiter celles qui se lancent à corps perdu dans la musculation, j’aime me sentir tonique. C’est pourquoi je m’astreins régulièrement à des séances de gymnastique. Abdominaux, poitrine, fessiers :j’entretiens les parties les plus sensibles de mon corps de femme.
Ici, au Gym’Club, hommes et femmes ont leurs salles de travail très nettement séparées. Si les tennis et la grande piscine sont communs aux unes et autres, par contre outre les salles de musculation, les deux petites piscines, les saunas et les hammams sont distincts. Dans une certaine société, il est des choses qui ne s’accomplissent pas dans la confusion. Et j’admets que cette séparation me convient. Il m’est très désagréable de me donner en spectacle à des hommes lorsque je transpire sous l’effort. Et le regard narquois et protecteur des acharnés de la gonflette a le don de m’irriter. Tant et si bien que la configuration des locaux me convient.
A l’heure où je fais travailler pectoraux, abdominaux et fessiers, il est rare que nous soyons plus de trois ou quatre femmes. En règle générale, j’exerce cette activité en tout début d’après-midi. La plupart des gens en sont encore au déjeuner, repas au cours duquel je me limite à la consommation de laitages et de fruits. Les quelques femmes qui ont opté pour le même horaire que le mien sont devenues de vagues connaissances avec lesquelles je papote de temps à autre, entre deux exercices ou devant un verre de jus de fruits. C’est à la fin de l’hiver dernier que j’ai lié connaissance avec Jeanne. Très assidue aux séances de musculation, elle avait attiré mon attention. Cette femme-là ne ressemblait pas aux autres.
A quarante sept ans, Jeanne offre l’image de la femme épanouie. Son visage exprime une authentique joie de vivre. C’est sans le moindre complexe qu’elle met en valeur une charnure que d’aucuns prétendent être passée de mode. Le body rouge et bleu qu’elle porte exacerbe ses formes généreuses : lourde poitrine, hanches généreuses et fesses somptueuses. Ici où là, les vagues traces de cellulite n’altèrent pas la silhouette. Dès avant Pâques, nous étions devenues amies. D’une séance à l’autre, nous tentions d’harmoniser nos emplois du temps afin de nous retrouver côte à côte dans l’effort. Peu à peu, l’amitié naissante avait pris une autre tournure : baisers légers, frôlements, caresses furtives. Mais rien de plus.
Il est près de treize heures lorsque je m’introduis dans la salle de musculation. Tout au fond, là-bas, sur la gauche, j’aperçois deux mains agrippées à des haltères et j’entends des halètements, de ceux qui accompagnent l’effort. Je m’approche sur la pointe des pieds afin de surprendre mon amie. Jeanne accomplit chacun de ses gestes avec un soin méticuleux. Absorbée par son activité, elle ne prête aucune attention à ce qui se passe autour d’elle. Et pourtant, les miroirs devraient lui révéler ma présence. Mais elle «travaille», les yeux clos, « pour mieux me concentrer », affirme-t-elle. Parvenue à deux ou trois pas de la table, je m’agenouille puis je rampe jusqu’à ce que mes lèvres soient en mesure d’atteindre les cuisses dodues. Et, tout aussitôt, j’y dépose un baiser.
« Oh ! »…La surprise de Jeanne provoque mon hilarité. « Idiote ! Tu m’as fait peur ! Dis-moi : tu es en retard ? ». J’explique à Jeanne : un appel téléphonique m’a retenue au moment où je me préparais à partir. Nous nous embrassons. « Allez ! En place ! J’ai pris de l’avance sur toi ! ». Le body rouge et bleu est marqué de quelques taches de transpiration, une transpiration qui confère au corps de mon amie une odeur qui ne m’est pas désagréable. Je m’installe sur la table la plus proche après avoir choisi les haltères convenant aux mouvements que je veux effectuer. Avec le retour des beaux jours, je me sens dans une forme exceptionnelle. Il est vrai qu’un récent séjour à la neige m’a rendu tout mon tonus.
D’abord m’échauffer ! Le prof’ m’a mise en garde contre les exercices effectués à froid. « Ne prenez aucun risque ! ». Je commence donc par des exercices d’assouplissement. Me découvrant dans cette position, voilà quelques semaines, Jeanne n’a pu s’empêcher de formuler ce commentaire : « Tu as un cul superbe ! ». Aline en a pâli de jalousie, elle qui passe et repasse devant les miroirs dont les reflets ne montrent que deux fesses maigres et osseuses. C’est fait ! Je suis en condition ! Je m’allonge et saisis les deux haltères. En avant ! Il faut souffrir pour rester belle !
Au bout d’une demi-heure d’efforts intenses, je suis en nage. Mon body prend l’eau. Jeanne - qui s’est arrêtée quelques minutes avant moi - est assise sur le rebord de la table. Elle me regarde : « Fais attention : tu n’as plus rien à perdre ! ». Puis ses pensées l’entraînent vers d’autres sujets. « As-tu remarqué ? Ces dames se font rares ! C’est la troisième fois que nous retrouvons seules… ». Je reprends ma respiration. Jeanne se penche vers son sac de sports d’où elle extrait une grande bouteille d’eau minérale. Elle dévisse le bouchon, porte le goulot à ses lèvres puis boit deux ou trois gorgées. « Tu n’as pas soif ? ». Que si ! J’accepte la bouteille qu’elle me tend. Je suis tellement desséchée que j’absorbe une moitié du liquide qu’elle contenait encore.
« Et si nous allions nager un peu ? ». C’est moi qui lance l’idée. Je sais que Jeanne n’est pas une adepte de la natation. « Tout ce chlore, ça me pique les yeux et ça m’abîme la peau. ». J’ai trouvé la parade pour la convaincre. Mon parfumeur me fournit le nec plus ultra des laits hydratants. Jeanne l’a essayé et s’est enthousiasmée. Elle n’a plus de raison valable pour refuser l’immersion dans l’eau depuis que je lui ai offert des lunettes spéciales. Aujourd’hui, elle me suit sans maugréer.
En ce début d’après-midi, nous sommes seules. Couloirs désertés. Piscine vide de toute présence. Il n’est qu’une musique discrète pour révéler une présence, celle des propriétaires des lieux, un couple d’homosexuels aussi discrets que courtois. Arrivée au bord de l’eau, c’est sans plus de façons que je m’extirpe de mon body. Me voici nue. Je jette le body sue une chaise longue puis je plonge. Quelques brasses au plus profond du bassin et je me laisse remonter jusqu’à la surface. Jeanne me tourne le dos. Elle se délivre de son body. Les deux fesses s’exposent à mon regard émerveillé : amples, pleines et fermes. Si défauts il y a, je ne saurais m’y attarder tant l’émotion me submerge.
Je nage sur le dos. Ou, plus précisément, quelques légers battements des pieds et des jambes me maintiennent à la surface de l’eau d’où émergent ma poitrine et ma toison. Libérée de sa tunique, Jeanne se tourne vers moi. C’est la première fois que nous nous retrouvons totalement nues, si proches l’une de l’autre. Les douches sont individuelles et nous avions choisi, jusqu’à ce jour, d’en respecter les us et coutumes. Je regarde Jeanne descendre dans l’eau. Son pied droit apprécie la température du liquide. Rassurée, elle prend appui contre l’échelle. Puis elle franchit chacune des marches. Son corps s’immerge par paliers successifs. Les fesses s’engloutissent, puis la chute des reins ? Il ne reste bientôt plus que la tête hors de l’eau. Jeanne se tourne vers moi et amorce un mouvement des bras. « Ca va ; c’est supportable… ». Elle se rapproche de moi et m’interroge : « Dis-moi : et si quelqu’un venait ? ». Que m’importe ! Depuis que je fréquente cet établissement, je nage nue et malheur à celui ou celle qui oserait me le reprocher !
Je me replace sur le ventre et m’efforce de nager au même rythme que mon amie. La piscine est vaste mais nous demeurons proches l’une de l’autre. Lorsque je parviens à l’extrémité, à l’instant où j’effectue sous l’eau mon virage, je sens une main effleurer mon épaule. Quelques secondes en apnée, les yeux grands ouverts, pour entrevoir la sombre toison de Jeanne. Le souffle me manque. Je remonte et aspire une grande gorgée d’air. Puis je retourne vers les profondeurs. Je nage sous Jeanne. Ses deux seins si lourds sont à portée de ma main. Ses cuisses s’ouvrent et se ferment en un mouvement plein de volupté. A nouveau, l’air me manque. Je remonte à la surface. « Tu es un vrai poisson ! Ouvres-tu les yeux sous l’eau ? ». Oui, Jeanne, j’ouvre les yeux et j’ai tout vu de toi. Même que j’en suis toute bouleversée. Si tu osais poser une main curieuse au bas de mon ventre, tu découvrirais à quel point le désir me trouble déjà.
Des voix se font entendre. Dans les vestiaires, deux ou trois femmes bavardent tout en se préparant. Je n’ai nulle envie de me retrouver en leur compagnie. « Jeanne ? Si nous allions au jacuzzi ? ». Le bain à remous se trouve de l’autre côté de la cloison, ce qui permet de se protéger contre les présences inopportunes. « Tu en as envie ? ». L’interrogation de Jeanne me surprend. Serait-elle choquée ou désorientée par mon attitude ? « Oui ! J’ai besoin de me détendre. » Je dirige mon regard vers celui de mon amie et j’y découvre un sourire qui me rassure. « Viens ! Les emmerdeuses ne vont pas tarder à débarquer ! ».
Nous ne sommes pas encore hors de l’eau que trois quinquagénaires font irruption. J’entends un ricanement. Vais-je laisser s’exaspérer la colère que je sens monter en moi ? Jeanne anticipe. « Tu vois ! Je te l’avais bien dit qu’il était imprudent de laisser nos peignoirs au vestiaire ! ». Je refrène ma fureur et, les fesses serrées, je gagne le jaccuzi. Le local est étroit. Je pousse la porte derrière moi et je bloque le loquet. L’eau bouillonne, une eau chaude et revivifiante. Voilà bientôt deux ans que Pierre promet d’en faire installer un à la maison.
« ça va faire un scandale, non ? ». Jeanne est inquiète. « Tu sais bien que j’ai horreur de me faire remarquer. ». Comment la rassurer ? Je la regarde. Tout comme moi, elle s’est enfoncée dans l’eau jusqu’au cou. N’émergent que nos visages, ses cheveux bruns, mes cheveux blonds. Est-ce un effet du hasard ? Un pied frôle le mien. Je feins de n’avoir rien remarqué. Le pied reste au contact du mien. Mon regard croise celui de mon amie. Je lui souris. « Détends-toi ! Ces rombières ne sont que de sinistres hypocrites ! Elles ne viendront pas jusqu’ici ! ». Sous l’eau, nos pieds engagent une autre forme de dialogue. Je m’abandonne aux privautés exercées par Jeanne. De la piscine montent et se conjuguent des clapotis et des rires.
Voici que le pied de mon amie remonte lentement le long de ma jambe. Il se fait très doux, peut-être un petit peu plus persuasif. Le voici qui atteint le niveau de mon genou. Ma relation avec Jeanne est en train d’évoluer. Mes cuisses s’entrouvrent. La caresse m’exaspère. J’ai besoin d’un contact plus précis. Je me laisse glisser le long de la dalle carrelée. Tout au long de cette glissade, le pied m’accompagne. Il ne me faut que quelques secondes pour que ma cuisse droite s’en vienne au contact de la cuisse gauche de mon amie. Mes yeux se ferment ; mon souffle s’accélère.
Sous le bouillonnement de l’eau, il est impossible de voir quoique ce soit. Mais, désormais, nous sommes blotties l’une contre l’autre, dans l’attente de ce qui va se produire. Je sens en moi comme une tension qu’il ne m’est plus possible de maîtriser. Mon sexe entre en effervescence. Mes ruissellements intimes abondent. Instinctivement, mes cuisses s’écartent. Je m’ouvre et j’attends les caresses que Jeanne va me prodiguer. Car j’ai la certitude que mon amie reprendra l’initiative. Or, pour l’instant, elle se contente de frotter sa cuisse contre la mienne. Que sont devenues ses deux mains ? J’ouvre les yeux. Les deux mains en question ne sont pas visibles. Je lance ma main droite dans une exploration sous-marine.
Mon dieu ! ! ! ! L’horrible égoïste ! Ma main découvre une autre main, potelée celle-là. « Jeanne ? ». Mon amie éclate de rire. « Eh oui ! ». Son visage se penche vers le mien, ses cheveux bruns se répandent sur mes épaules, nos lèvres se joignent et nous échangeons notre tout premier baiser. Les lèvres de Jeanne manifestent une exceptionnelle voracité. Sa langue explore ma bouche tandis que sa main libre me caresse très délicatement les seins. ça brûle en moi. Je me blottis contre ce corps si ample, si généreux. L’espace est si réduit qu’il limite l’ampleur de nos mouvements. « Caresse-moi ! ». Jeanne retire sa main. Son corps opère un demi-tour qui la conduit à me chevaucher. Ses deux seins monumentaux sortent de l'eau. Ils s’offrent à mes lèvres. Les tétons granuleux, au centre des sombres aréoles, se tendent et durcissent. Je les tête l’un après l’autre, tandis que les mains de Jeanne saisissent mon visage. Ses baisers expriment un désir d’une intensité qui confine à la violence.
Jeanne projette son bas-ventre contre le mien. Ses cuisses enserrent la mienne. Tumulte dans l’eau qui déborde. Son sexe se frotte contre ma peau. Jeanne émet des gémissements que j’étouffe entre mes lèvres. De l’autre côté de la cloison, les trois mégères clapotent et clapotent encore. Leur babillage n’est qu’un remugle auquel je suis indifférente. J’agrippe les deux fesses larges ouvertes. Je m’évertue à freiner le mouvement imposé par ma compagne. Qui rue ! Qui se projette en avant et m’écrase contre la paroi du bain ! Je mordille les tétons. Je pétris les deux globes. Je force de l’index un anus qui se révèle aussitôt consentant et l’absorbe sans coup férir. J’ignorais tout du potentiel de mon amie.
Qui accélère encore. Et qui émet des gémissements que ma bouche ne parvient plus à contenir. Je malaxe les fesses. Je les écartèle. Ma furie n’en a cure. Elle frotte avec véhémence ce sexe que j’aurais aimé caresser d’un doigt curieux, goûter de mes lèvres gourmandes, investir et explorer avec ma langue. Elle se tend. Elle se cabre. Ses seins s’écrasent sur mon visage. Mon doigt est englouti. La crampe me menace. Jeanne se cambre. Jeanne ne gémit plus : elle pleure. Ses deux mains se cramponnent à mes cheveux. « Solange… ». Mon prénom expire entre ses lèvres avant l’amorce d’un hurlement. Ma main droite écrase les lèvres larges ouvertes. Je bâillonne ma bacchante dont l’orgasme s’achève dans une apothéose de convulsions.
Jeanne se détend. Elle glisse dans l’eau et m’abandonne à ma solitude. Ses deux paupières se soulèvent à peine. « Solange ? Que nous est-il arrivé ?». Mon pied ne peut s’empêcher de décocher un coup à la plus proche cheville. « Je sais ce qu’il t’est arrivé ! ». Jeanne me sourit. « Tu sais ? ». Je lui refuse mon sourire. « Ma pauvre chérie…je crois comprendre … ». Je deviens glaciale. « Tu crois comprendre quoi ? ». Le sourire se fait câlin. « Mon égoïsme, Solange…Je n’ai pensé qu’à moi… ». Toujours aussi glaciale : « Tu as surtout évité de penser aux trois rombières ». Je le reconnais : j’use d’un inélégant procédé pour la culpabiliser. « Je sortirai en boitillant pour leur faire croire à une glissade inopinée. A près tout, j’ai le droit de souffrir. ». Jeanne rit !
Une main frôle ma cuisse. Une main s’insinue. « Il était temps que j’intervienne ! ». Je m’adoucis. Je me laisse aller. « Oh, les jolis petits seins… ». L’hypocrite ! Comme si elle ne les avait jamais remarqués ! Mais la main est si douce, si habile…Elle glisse et virevolte. Elle passe sur le bouton ; le quitte, y revient. Je m’ouvre. Je m’écartèle. « Dis-moi…d’où tout cela te vient-il ? ». Jeanne retire sa main et porte un doigt à sa bouche. Elle goûte, elle savoure. « Tu es délicieuse ! ».
La main revient. Les doigts s’égarent. Je me cambre, je m’ouvre. Deux doigts m’investissent, s’enfoncent en moi, m’explorent. Je me tends puis relève mon bassin pour que mon sexe émerge de l’eau. Je le propulse vers les lèvres de Jeanne dont la main libre s’en vient servir de support à mes fesses. La langue appuie sur mon bouton, puis le titille et le suce très doucement, alors que les deux doigts amplifient leurs va et vient. Mes deux mains englobent mes seins et les caressent. « Jeanne… ». Un murmure, une prière. « Jeanne… ».
La langue. Les doigts. Mon sexe déborde de sécrétions dont ma compagne s’abreuve. Ses lèvres sont douces. Elles aspirent le bouton qui raidit à n’en plus finir. Mes gémissements se transforment en plaintes. Je ne souffre pas, non : j’atteins au nirvana. Large ouverte. Béante. Investie. Juste assez de conscience pour mordre mon indexe à l’instant de la fulgurance, quand l’éclair me tétanise. Puis les ultimes convulsions avant que de m’immerger à nouveau et de me confier au refuge que forment les deux bras de mon amie. De doux, de tendres baisers effleurent mes paupières, mes joues, mon front. J’atteins à la béatitude.
« Dis donc : ça jacasse à côté ! ». Nous reviennent les rumeurs confuses des conversations. « Crois-tu qu’elles ont entendu ? ». Je ne m’en préoccupe pas, mais pour rassurer Jeanne, je sors une main de l’eau et lui fais signe que non. Je me laisse engluer dans une torpeur qui m'exile de l’environnement immédiat. Mon corps me donne l’impression de se diluer dans celui de Jeanne. « Quelle aventure ! ». Ma compagne s’abandonne au besoin de parler. « J’aurais jamais cru que ça puisse m’arriver… ». Mais voilà, ça lui est arrivé, et avec moi, en prime ! « Tu ne dis rien ? ». Non, pour l’instant, je n’ai rien à dire. Le plaisir m’a suffi. Les mots seraient superflus.
Oui, mais Jeanne commence à culpabiliser. « Je ne me vois pas raconter ça à François… ». Non, bien sûr ! Le pauvre ! Eh bien, moi, je raconterai tout à David. Tout : les fesses, les seins, le sexe de Jeanne. Son plaisir aussi. David en sera tout excité. Il implorera des détails. Il m’interrogera sur mon comportement. Il me suggérera de renouveler l’aventure. Il ira même jusqu’à me proposer d’inviter Jeanne et François à la maison. « Tu m’écoutes, au moins ? ». J’écoute, ou plutôt, j’entends. « Je ne savais que ça pouvait être aussi agréable.. ». Jeanne évoque un lointain souvenir qui remonte aux années lycée. Une copine de classe. De vagues attouchements. D’imperceptibles émois trop vite refoulés. « Tu m’as bien eue, toi ! ».
Jeanne manifeste l’intention de se désentraver de moi. Son corps se dissocie du mien. « Tu viens ! ». Jeanne ignorera qu’il ne me serait rien de plus agréable que de figer ces instants-là. Je feins d’agréer le retour à la normalité. Je me soulève. Je m’extirpe du bain. « Allez, Jeanne, les bonnes choses ont toujours une fin ! ». J’ouvre le loquet. Je tire la porte. Trois regards convergent vers moi. « Excusez-moi, mais j’ai tout laissé au vestiaire… ». Sauf le body, recroquevillé sur une chaise longue. Je le saisis. Je l’enfile. J’offre aux trois grâces le charmant spectacle de mes fesses écartées. Puis je regagne le vestiaire. Jeanne m’y rejoint quelques secondes plus tard. Le haut-parleur diffuse l’allégro d’un concerto pour piano de Mozart. Le onzième, si ma mémoire ne m’est pas trop infidèle. Dans un peu plus de trois heures, David me reviendra. Adieu, inconstante Jeanne.
Solange
http://futon.fripon.over-blog.com
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